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13/07/2014

10. De Jacques M. Lacan à Michel J. Cuny

     En 1984, je l'ai donc écrit, j'ai rencontré pour la première fois ce Jacques-M. quelque peu révélateur en ce qu'il ne peut plus être que sous-jacent au Jacques Lacan d'après. L'occasion m'en a été offerte par le biais d'une piste qui s'est ouverte, devant Françoise Petitdemange et moi, de façon assez surprenante. Occupé(e) à rédiger le manuscrit du "Feu sous la cendre - Enquête sur les silences obtenus par l'enseigne-ment et la psychiatrie" (660 pages, 1986), nous avons, dès une première visite au docteur Furtos, reçu de lui l'offre de profiter de sa caution pour toute visite et tout emprunt de livres à la bibliothèque médicale de l'Hôpital psychiatrique du Vinatier, à Lyon.

     C'est là que m'attendait la collection complète de l'Evolution psy-chiatrique où séjournait cette information qu'aussitôt j'ai accommodée à ma façon : Lacan avait su rompre avec le M. du moi, tandis que Cuny s'était adjoint le renfort, par le J., d'un sujet dont il ne restait plus qu'à savoir ce qu'il allait écrire...

     Et cela, bien bravement, il l'a fait en 1976 dans un contexte qui faisait une petite place au... ministre de la Défense, que voici interpellé à partir de Saint-Dié (Vosges), le 9 juin 1976 :

     "Monsieur le Ministre,
       Usant des possibilités offertes par la loi, je veux, par cette lettre, vous déclarer qu'en raison de mes convictions politiques, je suis op-posé, en toutes circonstances, à l'usage personnel des armes. Par conséquent, je vous transmets quelques documents qui devraient per-mettre de juger de la valeur de mes prétentions au titre d'objecteur de conscience.
     Avec mes remerciements pour l'attention que vous voudrez bien porter à ma requête, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'ex-pression de mon profond respect."

     Parmi ces documents, il y avait "Un rapide exposé de mes positions philosophiques" (qui se donne ici sur un simple clic).

     Cette analyse ne doit évidemment rien à Jacques Lacan que je n'ai commencé à pratiquer, dans le texte, qu'en septembre 1980 (De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité). Il doit une partie de ce qui le tient debout à René Descartes, que je commençais à bien comprendre... à ma façon qui n'est peut être pas la plus orthodoxe.  

     Il vaut surtout par ce caractère d'engagement qu'il a pris pour moi, cinq mois plus tard, dans cette folle démarche d'écriture et d'édition qui nous unit, Françoise Petitdemange et moi, au regard de toutes et de tous, depuis bientôt quatre décennies.

     Il vaut enfin par cette invraisemblable inversion que je fais subir à la pseudo dualité moi/je. Cependant, c'est sans doute Jean Moulin qui pourrait le mieux nous le dire, mais Jacques Lacan aussi bien : on se suicide et on se loupe dans le suicide... comme on peut.

     Michel J. Cuny